Paysalia L'écologie au coeur de nos métiers
Une des conférences du salon, qui se tenait début décembre à Lyon (69), invitait à s'interroger sur les moyens de développer les collaborations entre écologues et acteurs du paysage.
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Au lendemain de la Cop 21 et dans la lignée des prises de consciences environnementales, il n'est pas difficile de souligner le point commun entre paysagisme et écologie : la biodiversité. Or ces métiers restent encore largement segmentés. Lors du salon Paysalia (du 1er au 3 décembre, à Lyon), les représentants de l'Unep et de trois associations - A-IGEco (Association fédérative des acteurs de l'ingénierie et du génie écologiques), AGéBio (Association française pour le génie biologique ou génie végétal), et AFIE (Association française interprofessionnelle des écologues) - ont donné quelques clés pour développer la synergie entre ces différents acteurs de l'aménagement des espaces naturelset semi-naturels.
Les aménagements paysagers ne peuvent plus se prévaloir uniquement d'une fonctionnalité esthétique, mais doivent aussi mettre en avant leurs fonctionnalités écologiques. Or il s'agit de notions qu'un paysagiste n'a pas forcément en tête au moment de la conception de son projet. C'est pourtant dès cette phase que la réussite se joue. D'où l'intérêt de réunir autour d'une table les différents corps de métier et d'y intégrer un écologue. « Une dépense supplémentaire ! », penseront de nombreux maîtres d'ouvrage. Oui, mais aussi une compétence nécessaire qui permet à long terme des économies. Car, comme le souligne un gestionnaire d'espaces verts parmi les auditeurs, le coût de maintenance d'une gestion écologique est bien inférieur à celui d'un espace vert classique.
Friches ou jardin à la française
Outre l'aspect financier, se pose une deuxième difficulté : celle de la représentation que l'on se fait d'un site géré écologiquement. Dans l'esprit du public, paysage et écologie s'opposent, comme on opposerait friches et jardin à la française. Mais une gestion écologique n'implique pas forcément d'abandonner toute notion d'esthétisme, il suffit d'avoir quelques idées : entasser du branchage sous le platelage, tailler l'extérieur d'un bosquet et en laisser l'intérieur « sauvage », accepter quelques ronces ou prunelliers par endroit... Tout l'art du concepteur pourra s'exprimer, enrichi d'un nouveau vocabulaire que l'écologue est tout prêt à lui enseigner : zone refuge, plantes pollinisatrices, sol vivant... Aux croquis du paysagiste, il pourra superposer ses esquisses écologiques et proposer de nouveaux « objets » avec lesquels construire l'espace : par exemple, des éléments remarquables à conserver comme une souche ou un tas de bois mort... Ou de nouveaux concepts, comme les espèces bioindicatrices utiles pour vérifier la réussite du projet. S'intéresser à la biodiversité nécessite en effet de voir plus loin que la réalisation seule de l'ouvrage, dont l'efficacité écologique se mesurera seulement au fil des années. C'est là un des points opposant écologie et paysage : la notion de temps. Mais de même que le végétal ne se cantonne pas à son aspect et offre bien des services auxquels a recours le génie écologique, le paysage est polyvalent, et lui aussi a son génie !
Valérie Vidril
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